Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/257

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prophetique : l’oeuvre de Dieu s’acheminoit, et les voyes se préparoient insensiblement à l’entier accomplissement des anciens oracles. Le retour de la captivité de Babylone n’estoit qu’une ombre de la liberté et plus grande et plus nécessaire, que le messie devoit apporter aux hommes captifs du peché. Le peuple dispersé en divers endroits dans la haute Asie, dans l’Asie Mineure, dans l’Egypte, dans la Grece mesme, commençoit à faire éclater parmi les gentils le nom et la gloire du dieu d’Israël. Les ecritures qui devoient un jour estre la lumiere du monde, furent mises dans la langue la plus connuë de l’univers : leur antiquité est reconnuë. Pendant que le temple est réveré, et les ecritures répanduës parmi les gentils, Dieu donne quelque idée de leur conversion future, et en jette de loin les fondemens.

Ce qui se passoit mesme parmi les grecs estoit une espece de préparation à la connoissance de la verité. Leurs philosophes connurent que le monde estoit regi par un dieu bien different de ceux que le vulgaire adoroit, et qu’ils servoient eux-mesmes avec le vulgaire. Les histoires greques font foy que cette belle philosophie venoit d’Orient et des endroits où les juifs avoient esté dispersez : mais de quelque endroit qu’elle soit venuë, une verité si importante répanduë parmi les gentils, quoy-que combatuë, quoy-que mal suivie, mesme