Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/258

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par ceux qui l’enseignoient, commençoit à réveiller le genre humain, et fournissoit par avance des preuves certaines à ceux qui devoient un jour le tirer de son ignorance.

Comme toutefois la conversion de la gentilité estoit une oeuvre réservée au messie, et le propre caractere de sa venuë, l’erreur et l’impieté prévaloient par tout. Les nations les plus éclairées et les plus sages, les chaldéens, les egyptiens, les pheniciens, les grecs, les romains, estoient les plus ignorans, et les plus aveugles sur la religion : tant il est vray qu’il y faut estre élevé par une grace particuliere, et par une sagesse plus qu’humaine. Qui oseroit raconter les céremonies des dieux immortels, et leurs mysteres impurs ? Leurs amours, leurs cruautez, leurs jalousies, et tous leurs autres excés estoient le sujet de leurs festes, de leurs sacrifices, des hymnes qu’on leur chantoit, et des peintures que l’on consacroit dans leurs temples. Ainsi le crime estoit adoré, et reconnu necessaire au culte des dieux. Le plus grave des philosophes défend de boire avec excés, si ce n’estoit dans les festes de Bacchus et à l’honneur de ce dieu. Un autre, aprés avoir sevérement blasmé toutes les images malhonnestes, en excepte celles des dieux qui vouloient estre honorez par ces infamies. On ne peut lire sans étonnement les honneurs qu’il falloit rendre à Venus, et les prostitutions qui estoient établies pour l’adorer.