Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/269

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choses , tant est feconde et inépuisable la vertu qu’il porte en luy-mesme. Qui n’admireroit la condescendance avec laquelle il tempere la hauteur de sa doctrine ? C’est du lait pour les enfans, et tout ensemble du pain pour les forts. On le voit plein des secrets de Dieu, mais on voit qu’il n’en est pas étonné comme les autres mortels à qui Dieu se communique : il en parle naturellement, comme estant né dans ce secret et dans cette gloire ; et ce qu’il a sans mesure , il le répand avec mesure, afin que nostre foiblesse le puisse porter. Quoy-qu’il soit envoyé pour tout le monde, il ne s’adresse d’abord qu’aux brebis perduës de la maison d’Israël, ausquelles il estoit aussi principalement envoyé : mais il prépare la voye à la conversion des samaritains et des gentils. Une femme samaritaine le reconnoist pour le Christ que sa nation attendoit aussi-bien que celle des juifs, et apprend de luy le mystere du culte nouveau qui ne seroit plus attaché à un certain lieu. Une femme chananéenne et idolatre luy arrache, pour ainsi dire, quoy-que rebutée, la guérison de sa fille. Il reconnoist en divers endroits les enfans d’Abraham dans les gentils, et parle de sa doctrine comme devant estre preschée, contredite, et receûë par toute la terre. Le monde n’avoit jamais rien veû de semblable, et ses apostres en sont étonnez. Il ne cache point aux siens les tristes épreuves par lesquelles ils devoient