Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/278

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En un mot Dieu est parfait, et son verbe image vivante d’une verité infinie, n’est pas moins parfait que luy ; et son amour qui sortant de la source inépuisable du bien en a toute la plenitude, ne peut manquer d’avoir une perfection infinie ; et puis que nous n’avons point d’autre idée de Dieu que celle de la perféction, chacune de ces trois choses considerée en elle-mesme merite d’estre appellée Dieu : mais parce que ces trois choses conviennent nécessairement à une mesme nature, ces trois choses ne sont qu’un seul Dieu.

Il ne faut donc rien concevoir d’inégal, ni de séparé dans cette trinité adorable ; et quelque incomprehensible que soit cette égalité, nostre ame, si nous l’écoutons, nous en dira quelque chose. Elle est, et quand elle sçait parfaitement ce qu’elle est, son intelligence répond à la verité de son estre ; et quand elle aime son estre avec son intelligence autant qu’ils meritent d’estre aimez, son amour égale la perfection de l’un et de l’autre. Ces trois choses ne se séparent jamais, et s’enferment l’une l’autre : nous entendons que nous sommes, et que nous aimons ; et nous aimons à estre, et à entendre. Qui le peut nier, s’il s’entend luy-mesme ? Et non seulement une de ces choses n’est pas meilleure que l’autre, mais les trois ensemble ne sont pas meilleures qu’une d’elles en particulier, puis que chacune