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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/277

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temps au fond de nostre ame, c’est à dire dans cette partie où la verité se fait entendre, nous y verrons quelque image de la trinité que nous adorons. La pensée que nous sentons naistre comme le germe de nostre esprit, comme le fils de nostre intelligence, nous donne quelque idée du fils de Dieu conceû éternellement dans l’intelligence du pere celeste. C’est pourquoy ce fils de Dieu prend le nom de verbe, afin que nous entendions qu’il naist dans le sein du pere, non comme naissent les corps, mais comme naist dans nostre ame cette parole interieure que nous y sentons quand nous contemplons la verité. Mais la fecondité de nostre esprit ne se termine pas à cette parole intérieure, à cette pensée intellectuelle, à cette image de la verité qui se forme en nous. Nous aimons et cette parole interieure et l’esprit où elle naist ; et en l’aimant nous sentons en nous quelque chose qui ne nous est pas moins précieux que nostre esprit et nostre pensée, qui est le fruit de l’un et de l’autre, qui les unit, qui s’unit à eux, et ne fait avec eux qu’une mesme vie.

Ainsi autant qu’il se peut trouver de rapport entre Dieu et l’homme, ainsi, dis-je, se produit en Dieu l’amour éternel qui sort du pere qui pense, et du fils qui est sa pensée, pour faire avec luy et sa pensée une mesme nature également heureuse et parfaite.