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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/283

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terre, sous prétexte de religion, ces meurtres abominables. Les mesmes indiens se tuoient eux-mesmes pour avancer la felicité de la vie future ; et ce déplorable aveuglement dure encore aujourd’huy parmi ces peuples : tant il est dangereux d’enseigner la verité dans un autre ordre que celuy que Dieu a suivi, et d’expliquer clairement à l’homme tout ce qu’il est avant qu’il ait connu Dieu parfaitement.

C’estoit faute de connoistre Dieu, que la pluspart des philosophes n’ont pû croire l’ame immortelle sans la croire une portion de la divinité, une divinité elle-mesme, un estre éternel, incréé aussi-bien qu’incorruptible, et qui n’avoit non plus de commencement que de fin. Que diray-je de ceux qui croyoient la transmigration des ames : qui les faisoient rouler des cieux à la terre, et puis de la terre aux cieux ; des animaux dans les hommes, et des hommes dans les animaux ; de la felicité à la misere, et de la misere à la felicité, sans que ces révolutions eussent jamais ni de terme, ni d’ordre certain ? Combien estoit obscurcie la justice, la providence, la bonté divine parmi tant d’erreurs ! Et qu’il estoit necessaire de connoistre Dieu, et les regles de sa sagesse, avant que de connoistre l’ame et sa nature immortelle ! C’est pourquoy la loy de Moïse ne donnoit à l’homme qu’une premiere notion de la nature de l’ame et de sa felicité. Nous avons veû l’ame