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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/282

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les sens, leur inculquer par ce moyen la connoissance de Dieu, et l’horreur de l’idolatrie à laquelle le genre humain avoit une inclination si prodigieuse.

Tel estoit le ministere de Moïse : il estoit réservé à Jesus-Christ d’inspirer à l’homme des pensées plus hautes, et de luy faire connoistre dans une pleine évidence la dignité, l’immortalité, et la felicité éternelle de son ame. Durant les temps d’ignorance, c’est à dire durant les temps qui ont précedé Jesus-Christ, ce que l’ame connoissoit de sa dignité et de son immortalité l’induisoit le plus souvent à erreur. Le culte des hommes morts faisoit presque tout le fond de l’idolatrie : presque tous les hommes sacrifioient aux manes, c’est à dire aux ames des morts. De si anciennes erreurs nous font voir à la verité combien estoit ancienne la croyance de l’immortalité de l’ame, et nous montrent qu’elle doit estre rangée parmi les premieres traditions du genre humain. Mais l’homme qui gastoit tout, en avoit étrangement abusé, puis qu’elle le portoit à sacrifier aux morts. On alloit mesme jusqu’à cét excés de leur sacrifier des hommes vivans : on tuoit leurs esclaves, et mesme leurs femmes, pour les aller servir dans l’autre monde. Les gaulois le pratiquoient avec beaucoup d’autres peuples ; et les indiens marquez par les auteurs payens parmi les premiers défenseurs de l’immortalité de l’ame, ont aussi esté les premiers à introduire sur la