Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/288

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à la croix ; il a porté sa croix toute sa vie ; c’est à la croix qu’il veut qu’on le suive, et il met la vie éternelle à ce prix. Le premier à qui il promet en particulier le repos du siecle futur, est un compagnon de sa croix : tu seras, luy dit-il, aujourd’huy avec moy en paradis . Aussitost qu’il fut à la croix, le voile qui couvroit le sanctuaire fut dechiré de haut en bas, et le ciel fut ouvert aux ames saintes. C’est au sortir de la croix, et des horreurs de son supplice, qu’il parut à ses apostres, glorieux et vainqueur de la mort, afin qu’ils comprissent que c’est par la croix qu’il devoit entrer dans sa gloire, et qu’il ne montroit point d’autre voye à ses enfans. Ainsi fut donnée au monde en la personne de Jesus-Christ l’image d’une vertu accomplie, qui n’a rien, et n’attend rien sur la terre ; que les hommes ne récompensent que par de continuelles persecutions ; qui ne cesse de leur faire du bien, et à qui ses propres bienfaits attirent le dernier supplice. Jesus-Christ meurt sans trouver ni reconnoissance dans ceux qu’il oblige, ni fidelité dans ses amis, ni équité dans ses juges. Son innocence, quoy-que reconnuë, ne le sauve pas ; son pere mesme en qui seul il avoit mis son esperance, retire toutes les marques de sa protection : le juste est livré à ses ennemis, et il meurt abandonné de Dieu et des hommes. Mais il falloit faire voir à l’homme de bien, que dans les plus grandes extrémitez il n’a besoin