Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/320

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Le peuple séduit par ces promesses, souffroit la faim et la soif et les plus dures extrémitez, et fit tant par son audace insensée, qu’il n’y eût plus pour luy de misericorde. La ville fut renversée, le temple fut bruslé, tout fut perdu. A ces marques les juifs connurent que la main de Dieu estoit sur eux. Mais afin que la vengeance divine leur fust aussi manifeste dans la derniere ruine de Jérusalem qu’elle l’avoit esté dans la premiere, on a veû dans l’une et dans l’autre la mesme séduction, la mesme temerité, et le mesme endurcissement.

Quoy-que leur rebellion eust attiré sur eux les armes romaines, et qu’ils secoûassent temerairement un joug sous lequel tout l’univers avoit ployé, Tite ne vouloit pas les perdre : au contraire, il leur fit souvent offrir le pardon, non seulement au commencement de la guerre, mais encore lors qu’ils ne pouvoient plus échaper de ses mains. Il avoit déja élevé autour de Jérusalem une longue et vaste muraille munie de tours et de redoutes aussi fortes que la ville mesme, quand il leur envoya Josephe leur concitoyen, un de leurs capitaines, un de leurs prestres qui avoit esté pris dans cette guerre en défendant son païs. Que ne leur dit-il pas pour les emouvoir ? Par combien de fortes raisons les invita-t-il à rentrer dans l’obéïssance ? Il leur fit voir le ciel et la terre conjurez contre eux, leur