Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/336

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ils n’ont fait paroistre les enseignes romaines dans la Judée. C’est pour cela que Vitellius, quand il passa dans cette province pour porter la guerre en Arabie, fit marcher ses troupes sans enseignes ; car on réveroit encore alors la religion judaïque, et on ne vouloit point forcer ce peuple à souffrir des choses si contraires à sa loy. Mais au temps de la derniere guerre judaïque, on peut bien croire que les romains n’épargnerent pas un peuple qu’ils vouloient exterminer. Ainsi quand Jérusalem fut assiegée, elle estoit environnée d’autant d’idoles qu’il y avoit d’enseignes romaines ; et l’abomination ne parut jamais tant où elle ne devoit pas estre , c’est à dire dans la terre sainte, et autour du temple.

Est-ce donc là, dira-t-on, ce grand signe que Jesus-Christ devoit donner ? Estoit-il temps de s’enfuir quand Tite assiégea Jérusalem, et qu’il en ferma de si prés les avenuës qu’il n’y avoit plus moyen de s’échaper ? C’est icy qu’est la merveille de la prophetie. Jérusalem a esté assiégée deux fois en ces temps : la premiere, par Cestius gouverneur de Syrie, l’an 68 de Nostre Seigneur ; la seconde, par Tite, quatre ans aprés, c’est à dire, l’an 72. Au dernier siége, il n’y avoit plus moyen de se sauver. Tite faisoit cette guerre avec trop d’ardeur : il surprit toute la nation renfermée dans Jérusalem durant la feste de pasque, sans que personne échapast ; et cette effroyable circonvallation