d’aveuglement ! L’humilité du sauveur cacha à ces orgueïlleux les veritables grandeurs qu’ils devoient chercher dans leur messie. Ils vouloient que ce fust un roy semblable aux rois de la terre. C’est pourquoy les flateurs du premier Herode, ébloûïs de la grandeur et de la magnificence de ce prince, qui tout tyran qu’il estoit, ne laissa pas d’enrichir la Judée, dirent qu’il estoit luy-mesme ce roy tant promis. C’est aussi ce qui donna lieu à la secte des herodiens, dont il est tant parlé dans l’evangile, et que les payens ont connuë, puis que Perse et son scholiaste nous apprennent, qu’encore du temps de Neron, la naissance du roy Herode estoit célebrée par ses sectateurs avec la mesme solennité que le sabath. Josephe tomba dans une semblable erreur. Cét homme instruit , comme il dit luy-mesme, dans les propheties judaïques, comme estant prestre et sorti de la race sacerdotale, reconnut à la verité que la venuë de ce roy promis par Jacob convenoit aux temps d’Herode, où il nous montre luy-mesme avec tant de soin un commencement manifeste de la ruine des juifs : mais comme il ne vit rien dans sa nation qui remplist ces ambitieuses idées qu’elle avoit conceûës de son Christ, il poussa un peu plus avant le temps de la prophetie ; et l’appliquant à Vespasien, il asseûra que cét oracle de l’ecriture signifioit ce prince déclaré empereur dans la Judée .
C’est ainsi qu’il détournoit l’ecriture sainte