Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/349

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pour autoriser sa flaterie : aveugle, qui transportoit aux estrangers l’esperance de Jacob et de Juda ; qui cherchoit en Vespasien le fils d’Abraham et de David ; et attribuoit à un prince idolatre le titre de celuy dont les lumieres devoient retirer les gentils de l’idolatrie. La conjoncture des temps le favorisoit. Mais pendant qu’il attribuoit à Vespasien ce que Jacob avoit dit du Christ, les zelez qui défendoient Jérusalem se l’attribuoient à eux-mesmes. C’est sur ce seul fondement qu’ils se promettoient l’empire du monde, comme Josephe le raconte ; plus raisonnables que luy, en ce que du moins ils ne sortoient pas de la nation pour chercher l’accomplissement des promesses faites à leurs peres. Comment n’ouvroient-ils pas les yeux au grand fruit que faisoit deslors parmi les gentils la prédication de l’evangile, et à ce nouvel empire que Jesus-Christ établissoit par toute la terre ? Qu’y avoit-il de plus beau qu’un empire où la pieté regnoit, où le vray dieu triomphoit de l’idolatrie, où la vie éternelle estoit annoncée aux nations infideles ; et l’empire mesme des Cesars n’estoit-il pas une vaine pompe à comparaison de celuy-cy ? Mais cét empire n’estoit pas assez éclatant aux yeux du monde. Qu’il faut estre desabusé des grandeurs humaines pour connoistre Jesus-Christ ! Les juifs