Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/366

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son intelligence etc. en effet, que comprenons-nous dans ce mystere où le Seigneur de gloire est chargé d’opprobres ; où la sagesse divine est traitée de folle ; où celuy qui asseûré en luy-mesme de sa naturelle grandeur, n’a pas crû s’attribuer trop etc. toutes nos pensées se confondent ; et comme disoit Saint Paul, il n’y a rien qui paroisse de plus insensé à ceux qui ne sont pas éclairez d’enhaut. Tel estoit le remede que Dieu préparoit à l’idolatrie. Il connoissoit l’esprit de l’homme, et il sçavoit que ce n’estoit pas par raisonnement qu’il falloit détruire une erreur que le raisonnement n’avoit pas établie. Il y a des erreurs où nous tombons en raisonnant, car l’homme s’embrouïlle souvent à force de raisonner : mais l’idolatrie estoit venuë par l’extrémité opposée ; c’estoit en éteignant tout raisonnement, et en laissant dominer les sens qui vouloient tout revestir des qualitez dont ils sont touchez. C’est par là que la divinité estoit devenuë visible, et grossiere. Les hommes luy ont donné leur figure, et ce qui estoit plus honteux encore, leurs vices et leurs passions. Le raisonnement n’avoit point de part à une erreur si brutale. C’estoit