Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/379

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trouve établie dans son païs. Par ces maximes, les erreurs grossieres autant qu’impies qui remplissoient toute la terre, estoient sans remede, et la voix de la nature qui annonçoit le vray dieu estoit étoufée.

On avoit sujet de penser que la foiblesse de nostre raison égarée a besoin d’une autorité qui la ramene au principe ; et que c’est de l’antiquité qu’il faut apprendre la religion veritable. Aussi en avez-vous veû la suite immuable dés l’origine du monde. Mais de quelle antiquité se pouvoit vanter le paganisme, qui ne pouvoit lire ses propres histoires sans y trouver l’origine non seulement de sa religion, mais encore de ses dieux ? Varron et Ciceron, sans compter les autres auteurs, l’ont bien fait voir. Ou bien aurions-nous recours à ces milliers infinis d’années que les egyptiens remplissoient de fables confuses et impertinentes pour établir l’antiquité dont ils se vantoient ? Mais toûjours y voyoit-on naistre et mourir les divinitez de l’Egypte ; et ce peuple ne pouvoit se faire ancien, sans marquer le commencement de ses dieux. Voicy une autre forme de l’idolatrie. Elle vouloit qu’on servist tout ce qui passoit pour divin. La politique romaine, qui défendoit si severement les religions étrangeres, permettoit qu’on adorast les dieux des barbares, pourveû qu’elle les eust adoptez. Ainsi elle vouloit paroistre