Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/387

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Je reconnois toutefois qu’ils avoient encore un autre dessein. Il se mesloit de la politique dans les honneurs qu’ils rendoient à Jesus-Christ. Ils prétendoient qu’à la fin les réligions s’uniroient, et que les dieux de toutes les sectes deviendroient communs. Les chrestiens ne connoissoient point ce culte meslé, et ne mépriserent pas moins les condescendances que les rigueurs de la politique romaine. Mais Dieu voulut qu’un autre principe fist rejetter par les payens les temples que les empereurs destinoient à Jesus-Christ. Les prestres des idoles, au rapport de l’auteur payen déja cité tant de fois, déclarerent à l’empereur Adrien, que s’il consacroit ces temples bastis à l’usage des chrestiens, tous les autres temples seroient abandonnez, et que tout le monde embrasseroit la religion chrestienne . L’idolatrie mesme sentoit dans nostre religion une force victorieuse contre laquelle les faux dieux ne pouvoient tenir, et justifioit elle-mesme la verité de cette sentence de l’apostre, etc.

Ainsi, par la vertu de la croix, la religion payenne confonduë par elle-mesme, tomboit en ruine ; et l’unité de Dieu s’établissoit tellement, qu’à la fin l’idolatrie n’en parut pas éloignée. Elle disoit que la nature divine si grande et si étenduë ne pouvoit estre exprimée ni