Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/388

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par un seul nom, ni sous une seule forme ; mais que Jupiter, et Mars, et Junon, et les autres dieux, n’estoient au fonds que le mesme dieu, dont les vertus infinies estoient expliquées et representées par tant de mots differens. Quand en suite il falloit venir aux histoires impures des dieux, à leurs infames généalogies, à leurs impudiques amours, à leurs festes et à leurs mysteres qui n’avoient point d’autre fondement que ces fables prodigieuses, toute la religion se tournoit en allegories : c’estoit le monde ou le soleil qui se trouvoient estre ce dieu unique ; c’estoit les etoilles, c’estoit l’air, et le feu, et l’eau, et la terre, et leurs divers assemblages qui estoient cachez sous les noms des dieux et dans leurs amours. Foible et miserable refuge : car outre que les fables estoient scandaleuses et toutes les allegories froides et forcées, que trouvoit-on à la fin, sinon que ce dieu unique estoit l’univers avec toutes ses parties, de sorte que le fonds de la religion estoit la nature, et toûjours la creature adorée à la place du créateur ?

Ces foibles excuses de l’idolatrie, quoy-que tirées de la philosophie des stoiciens, ne contentoient gueres les philosophes. Celse et Porphyre chercherent de nouveaux secours dans la doctrine de Platon et de Pythagore ; et voicy comment ils concilioient l’unité de Dieu avec la multiplicité des dieux vulgaires. Il n’y