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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/390

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Que si l’orgueïl des platoniciens ne pouvoit pas se rabaisser jusqu’aux humiliations du verbe fait chair, ne devoient-ils pas du moins comprendre que l’homme pour estre un peu au dessous des anges, ne laissoit pas d’estre comme eux capable de posseder Dieu ; de sorte qu’il estoit plustost leur frere que leur sujet, et ne devoit pas les adorer, mais adorer avec eux en esprit de societé celuy qui les avoit faits les uns et les autres à sa ressemblance ? C’estoit donc non seulement trop de bassesse, mais encore trop d’ingratitude au genre humain de sacrifier à d’autre qu’à Dieu ; et rien n’estoit plus aveugle que le paganisme, qui au lieu de luy réserver ce culte suprême, le rendoit à tant de démons. C’est icy que l’idolatrie qui sembloit estre aux abois, découvrit tout-à-fait son foible. Sur la fin des persecutions, Porphyre pressé par les chrestiens fut contraint de dire que le sacrifice n’estoit pas le culte suprême ; et voyez jusqu’où il poussa l’extravagance. Ce dieu tres-haut, disoit-il, ne recevoit point de sacrifice : tout ce qui est materiel est impur pour luy, et ne peut luy estre offert. La parole mesme ne doit pas estre employée à son culte, parce que la voix est une chose corporelle : il faut l’adorer en silence, et par de simples pensées ; tout autre culte est indigne d’une majesté si haute.

Ainsi Dieu estoit trop grand pour estre loûé. C’estoit un crime d’exprimer comme nous pouvons