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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/392

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c’est ce qu’enseignoit l’evangile ; c’est ce que chantoit le psalmiste : tous les dieux des gentils sont des démons, mais le Seigneur a fait les cieux

Et toutefois, monseigneur, étrange aveuglement du genre humain ! L’idolatrie réduite à l’extrémité, et confonduë par elle-mesme, ne laissoit pas de se soustenir. Il ne falloit que la revestir de quelque apparence, et l’expliquer en paroles dont le son fust agréable à l’oreille pour la faire entrer dans les esprits. Porphyre estoit admiré. Jamblique son sectateur passoit pour un homme divin, parce qu’il sçavoit envelopper les sentimens de son maistre de termes qui paroissoient mysterieux, quoy-qu’en effet ils ne signifiassent rien. Julien L’Apostat, tout fin qu’il estoit, fut pris par ces apparences ; les payens mesme le racontent. Des enchantemens vrais ou faux, que ces philosophes vantoient, leur austerité mal entenduë, leur abstinence ridicule qui alloit jusqu’à faire un crime de manger les animaux, leurs purifications superstitieuses, enfin leur contemplation qui s’évaporoit en vaines pensées, et leurs paroles aussi peu solides qu’elles sembloient magnifiques, imposoient au monde. Mais je ne dis pas le fonds. La sainteté des moeurs chrestiennes, le mépris des plaisirs qu’elle commandoit, et plus que tout cela l’humilité qui faisoit le fonds du christianisme, offensoit les hommes ; et si nous sçavons le comprendre, l’orgueïl,