Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/394

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en plusieurs autres sectes. L’eglise ne leur paroissoit qu’un ouvrage humain prest à tomber de luy-mesme. On concluoit qu’il ne falloit pas en matiere de religion rafiner plus que nos ancestres, ni entreprendre de changer le monde.

Dans cette confusion de sectes qui se vantoient d’estre chrestiennes, Dieu ne manqua pas à son eglise. Il sceût luy conserver un caractere d’autorité que les héresies ne pouvoient prendre. Elle estoit catholique et universelle : elle embrassoit tous les temps ; elle s’étendoit de tous costez. Elle estoit apostolique ; la suite, la succession, la chaire de l’unité, l’autorité primitive luy appartenoit. Tous ceux qui la quittoient, l’avoient premierement reconnuë, et ne pouvoient effacer le caractere de leur nouveauté, ni celuy de leur rebellion. Les payens eux-mesmes la regardoient comme celle qui estoit la tige, le tout d’où les parcelles s’estoient détachées, le tronc toûjours vif que les branches retranchées laissoient en son entier. Celse qui reprochoit aux chrestiens leurs divisions parmi tant d’eglises schismatiques qu’il voyoit s’élever, remarquoit une eglise distinguée de toutes les autres, et toûjours plus forte qu’il appelloit aussi pour cette raison la grande eglise. Il y en a, disoit-il, parmi les chrestiens qui ne reconnoissent pas le créateur, ni les traditions des juifs ; il vouloit parler des marcionites : mais, poursuivoit-il, la grande