Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/406

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attiré. Si ce peuple se glorifie d’avoir veû durant plusieurs siecles des miracles que les autres peuples n’ont jamais veûs, il peut aussi se glorifier d’avoir eû la connoissance de Dieu qu’aucun autre peuple n’avoit. Que veut-on que signifie la circoncision, et la feste des tabernacles, et la pasque, et les autres festes célebrées dans la nation de temps immemorial, sinon les choses qu’on trouve marquées dans le livre de Moïse ? Qu’un peuple distingué des autres par une religion et par des moeurs si particulieres, qui conserve dés son origine sur le fondement de la création et sur la foy de la providence, une doctrine si suivie et si élevée, une memoire si vive d’une longue suite de faits si necessairement enchaisnez, des céremonies si reglées et des coustumes si universelles, ait esté sans une histoire qui luy marquast son origine et sans une loy qui luy prescrivist ses coustumes pendant mille ans qu’il est demeuré en estat ; et qu’Esdras ait commencé à luy vouloir donner tout à coup sous le nom de Moïse, avec l’histoire de ses antiquitez, la loy qui formoit ses moeurs, quand ce peuple devenu captif à veû son ancienne monarchie renversée de fonds en comble : quelle fable plus incroyable pourroit-on jamais inventer ? Et peut-on y donner créance, sans joindre l’ignorance au blasphême ? Pour perdre une telle loy, quand on l’a une fois receûë, il faut qu’un peuple soit exterminé,