Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/413

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osé publier en toute sorte de langues des livres contre l’ecriture, il ne faut point dissimuler ce qu’on dit pour décrier ses antiquitez. Que dit-on donc pour autoriser la supposition du pentateuque, et que peut-on objecter à une tradition de trois mille ans soustenuë par sa propre force et par la suite des choses ? Rien de suivi, rien de positif, rien d’important ; des chicanes sur des nombres, sur des lieux, ou sur des noms : et de telles observations, qui dans toute autre matiere ne passeroient tout au plus que pour de vaines curiositez incapables de donner atteinte au fond des choses, nous sont icy alleguées comme faisant la décision de l’affaire la plus serieuse qui fut jamais. Il y a, dit-on, des difficultez dans l’histoire de l’ecriture. Il y en a sans doute qui n’y seroient pas si le livre estoit moins ancien, ou s’il avoit esté supposé, comme on l’ose dire, par un homme habile et industrieux ; si l’on eust esté moins religieux à le donner tel qu’on le trouvoit, et qu’on eust pris la liberté d’y corriger ce qui faisoit de la peine. Il y a les difficultez que fait un long-temps, lors que les lieux ont changé de nom ou d’estat : lors que les dates sont oubliées : lors que les génealogies ne sont plus connuës ; qu’il n’y a plus de remede aux fautes qu’une copie tant soit peu negligée introduit si aisément en de telles choses ; ou que des faits échapez à la memoire des hommes laissent de