Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/436

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donc aux barbares cette ville enyvrée du sang des martyrs , comme parle Saint Jean. Dieu renouvella sur elle les terribles chastimens qu’il avoit exercez sur Babylone : Rome mesme est appellée de ce nom. Cette nouvelle Babylone, imitatrice de l’ancienne, comme elle enflée de ses victoires, triomphante dans ses délices et dans ses richesses, souïllée de ses idolatries, et persecutrice du peuple de Dieu, tombe aussi comme elle d’une grande chute, et Saint Jean chante sa ruine. La gloire de ses conquestes qu’elle attribuoit à ses dieux, luy est ostée : elle est en proye aux barbares, prise trois et quatre fois, pillée, saccagée, détruite. Le glaive des barbares ne pardonne qu’aux chrestiens. Une autre Rome toute chrestienne sort des cendres de la premiere ; et c’est seulement aprés l’inondation des barbares que s’acheve entierement la victoire de Jesus-Christ sur les dieux romains qu’on voit non seulement détruits, mais oubliez. C’est ainsi que les empires du monde ont servi à la religion et à la conservation du peuple de Dieu : c’est pourquoy ce mesme Dieu qui a fait prédire à ses prophetes les divers estats de son peuple, leur a fait prédire aussi la succession des empires. Vous avez veû les endroits où Nabuchodonosor a esté marqué comme celuy qui devoit venir pour punir les peuples superbes, et sur tout le peuple juif ingrat envers son auteur. Vous avez entendu nommer Cyrus