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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/439

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plus vous serez en admiration de ces conseils de la providence. Il importe que vous en preniez de bonne heure les idées qui s’éclairciront tous les jours de plus en plus dans vostre esprit, et que vous appreniez à rapporter les choses humaines aux ordres de cette sagesse éternelle dont elles dependent. Dieu ne déclare pas tous les jours ses volontez par ses prophetes touchant les rois et les monarchies qu’il éleve ou qu’il détruit. Mais l’ayant fait tant de fois dans ces grands empires dont nous venons de parler, il nous montre par ces exemples fameux ce qu’il fait dans tous les autres, et il apprend aux rois ces deux veritez fondamentales ; premierement, que c’est luy qui forme les royaumes pour les donner à qui il luy plaist ; et secondement, qu’il sçait les faire servir, dans les temps et dans l’ordre qu’il a résolu, aux desseins qu’il a sur son peuple. C’est, monseigneur, ce qui doit tenir tous les princes dans une entiere dépendance, et les rendre toûjours attentifs aux ordres de Dieu, afin de prester la main à ce qu’il medite pour sa gloire dans toutes les occasions qu’il leur en presente.

Mais cette suite des empires, mesme à la considerer plus humainement, a de grandes utilitez, principalement pour les princes, puis que l’arrogance, compagne ordinaire d’une condition si éminente, est si fortement rabatuë par ce spectacle.