Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/440

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Car si les hommes apprennent à se moderer en voyant mourir les rois, combien plus seront-ils frapez en voyant mourir les royaumes mesmes ; et où peut-on recevoir une plus belle leçon de la vanité des grandeurs humaines ? Ainsi quand vous voyez passer comme en un instant devant vos yeux, je ne dis pas les rois et les empereurs, mais ces grands empires qui ont fait trembler tout l’univers ; quand vous voyez les assyriens anciens et nouveaux, les medes, les perses, les grecs, les romains se presenter devant vous successivement, et tomber, pour ainsi dire, les uns sur les autres : ce fracas effroyable vous fait sentir qu’il n’y a rien de solide parmi les hommes, et que l’inconstance et l’agitation est le propre partage des choses humaines.


II.

Les révolutions des Empires ont des causes particulieres que les Princes doivent étudier.


Mais, monseigneur, ce qui vous rendra ce spectacle plus utile et plus agréable, ce sera la réflexion que vous ferez non seulement sur l’élevation et sur la chute des empires, mais encore sur les causes de leur progrés et sur celles de leur décadence.

Car, monseigneur, ce mesme Dieu qui a fait l’enchaisnement de l’univers, et qui tout-puissant par luy-mesme, a voulu, pour établir l’ordre, que les parties d’un si grand tout dépendissent les unes des autres ; ce mesme Dieu a voulu aussi que le cours des choses humaines eust sa suite et ses proportions : je veux dire que