Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/446

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acheve jamais. Aussi n’y voyons-nous que peu de choses à apprendre, et à imiter. N’en parlons pas davantage, et venons aux peuples policez. Les egyptiens sont les premiers où l’on ait sceû les regles du gouvernement. Cette nation grave et serieuse connut d’abord la vraye fin de la politique, qui est de rendre la vie commode et les peuples heureux. La temperature toûjours uniforme du païs y faisoit les esprits solides et constans. Comme la vertu est le fondement de toute la societé, ils l’ont soigneusement cultivée. Leur principale vertu a esté la reconnoissance. La gloire qu’on leur a donnée d’estre les plus reconnoissans de tous les hommes, fait voir qu’ils estoient aussi les plus sociables. Les bienfaits sont le lien de la concorde publique et particuliere. Qui reconnoist les graces, aime à en faire ; et en bannissant l’ingratitude, le plaisir de faire du bien demeure si pur, qu’il n’y a plus moyen de n’y estre pas sensible. Leurs loix estoient simples, pleines d’équité, et propres à unir entre eux les citoyens. Celuy qui pouvant sauver un homme attaqué, ne le faisoit pas, estoit puni de mort aussi rigoureusement que l’assassin. Que si on ne pouvoit secourir le malheureux, il falloit du moins dénoncer l’auteur de la violence, et il y avoit des peines établies contre ceux qui manquoient à ce devoir. Ainsi les citoyens estoient à la garde les uns des