où ils ne voyoient rien d’utile à la vie, aussi-bien que de ses ambassadeurs qu’ils prirent pour ce qu’ils estoient, c’est à dire pour des espions. Mais leur roy voulut aussi faire un present à sa mode au roy de Perse ; et prenant en main un arc qu’un perse eust à peine soustenu loin de le pouvoir tirer, il le banda en presence des ambassadeurs, et leur dit : voicy le conseil que le roy d’Ethiopie donne au roy de Perse... etc. cela dit, il débanda l’arc, et le donna aux ambassadeurs. On ne peut dire quel eust esté l’évenement de la guerre. Cambyse irrité de cette réponse, s’avança vers l’Ethiopie comme un insensé, sans ordre, sans convois, sans discipline ; et vit perir son armée, faute de vivres, au milieu des sables, avant que d’approcher l’ennemi.
Ces peuples d’Ethiopie n’estoient pourtant pas si justes qu’ils s’en vantoient, ni si renfermez dans leur païs. Leurs voisins les egyptiens avoient souvent éprouvé leurs forces. Il n’y a rien de suivi dans les conseils de ces nations sauvages, et mal cultivées : si la nature y commence souvent de beaux sentimens, elle ne les