Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/460

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trouveroit-on si on pouvoit aborder la ville royale, puis que si loin d’elle on découvre des choses si merveilleuses ?

Il n’appartenoit qu’à l’Egypte de dresser des monumens pour la posterité. Ses obelisques font encore aujourd’huy, autant par leur beauté que par leur hauteur, le principal ornement de Rome ; et la puissance romaine desesperant d’égaler les egyptiens, a cru faire assez pour sa grandeur d’emprunter les monumens de leurs rois. L’Egypte n’avoit point encore veû de grands édifices que la tour de Babel, quand elle imagina ses pyramides, qui par leur figure autant que par leur grandeur triomphent du temps et des barbares. Le bon goust des egyptiens leur fit aimer deslors la solidité et la régularité toute nuë. N’est-ce point que la nature porte d’elle-mesme à cét air simple auquel on a tant de peine à revenir, quand le goust a esté gasté par des nouveautez et des hardiesses bizarres ? Quoy qu’il en soit, les egyptiens n’ont aimé qu’une hardiesse reglée : ils n’ont cherché le nouveau et le surprenant, que dans la varieté infinie de la nature ; et ils se vantoient d’estre les seuls qui avoient fait comme les dieux des ouvrages immortels. Les inscriptions des pyramides n’estoient pas moins nobles que l’ouvrage. Elles parloient aux spectateurs. Une de ces pyramides bastie de brique avertissoit par son titre qu’on se gardast bien de la comparer aux autres, et