Aller au contenu

Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/462

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

encore comme des demeures éternelles. Les maisons estoient appellées des hostelleries où l’on n’estoit qu’en passant et pendant une vie trop courte pour terminer tous nos desseins : mais les maisons veritables estoient les tombeaux que nous devions habiter durant des siecles infinis. Au reste, ce n’estoit pas sur les choses inanimées que l’Egypte travailloit le plus. Ses plus nobles travaux et son plus bel art consistoit à former les hommes. La Grece en estoit si persuadée, que ses plus grands hommes, un Homere, un Pythagore, un Platon, Lycurgue mesme et Solon ces deux grands legislateurs, et les autres qu’il n’est pas besoin de nommer, allerent apprendre la sagesse en Egypte. Dieu a voulu que Moïse mesme fust instruit dans toute la sagesse des egyptiens : c’est par là qu’il a commencé à estre puissant en paroles et en oeuvres. la vraye sagesse se sert de tout, et Dieu ne veut pas que ceux qu’il inspire negligent les moyens humains qui viennent aussi de luy à leur maniere. Ces sages d’Egypte avoient étudié le régime qui fait les esprits solides, les corps robustes, les femmes fecondes, et les enfans vigoureux. Par ce moyen le peuple croissoit en nombre et en forces. Le païs estoit sain naturellement ; mais la philosophie leur avoit appris que la nature veut estre aidée. Il y a un art de former les corps aussi-bien que les esprits. Cét art que nostre nonchalance nous a fait perdre estoit bien connu des