Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/463

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anciens, et l’Egypte l’avoit trouvé. Elle employoit principalement à ce beau dessein la frugalité et les exercices. Dans un grand champ de bataille qui a esté veû par Herodote, les cranes des perses aisez à percer, et ceux des egyptiens plus durs que les pierres ausquelles ils estoient meslez, montroient la molesse des uns et la robuste constitution qu’une nourriture frugale et de vigoureux exercices donnoient aux autres. La course à pied, la course à cheval, la course dans les chariots se pratiquoit en Egypte avec une adresse admirable, et il n’y avoit point dans tout l’univers de meilleurs hommes de cheval que les egyptiens. Quand Diodore nous dit qu’ils rejettoient la lute comme un exercice qui donnoit une force dangereuse et peu durable, il a deû l’entendre de la lute outrée des athletes, que la Grece elle-mesme, qui la couronnoit dans ses jeux, avoit blasmée comme peu convenable aux personnes libres : mais avec une certaine moderation, elle estoit digne des honnestes gens, et Diodore luy-mesme nous apprend que le Mercure des egyptiens en avoit inventé les regles aussi-bien que l’art de former les corps. Il faut entendre de mesme ce que dit encore cét auteur touchant la musique. Celle qu’il fait mépriser aux egyptiens, comme capable de ramollir les courages, estoit sans doute cette musique molle et effeminée qui n’inspire que les plaisirs et une fausse tendresse.