Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/470

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palais qui composoient le labyrinthe. Quoy-que l’Egypte ne pust oublier ses magnificences, elle fut foible et divisée sous ces douze princes. Un d’eux (ce fut Psammetique) se rendit le maistre par le secours des étrangers. L’Egypte se rétablit, et demeura assez puissante pendant cinq ou six regnes. Enfin cét ancien royaume, aprés avoir duré environ seize cens ans, affoibli par les rois de Babylone et par Cyrus, devint la proye de Cambyse, le plus insensé de tous les princes.

Ceux qui ont bien connu l’humeur de l’Egypte, ont reconnu qu’elle n’estoit pas belliqueuse : vous en avez veû les raisons. Elle avoit vescu en paix environ treize cens ans, quand elle produisit son premier guerrier, qui fut Sesostris. Aussi malgré sa milice si soigneusement entretenuë, nous voyons sur la fin que les troupes étrangeres font toute sa force, qui est un des plus grands defauts que puisse avoir un estat. Mais les choses humaines ne sont point parfaites, et il est malaisé d’avoir ensemble dans la perfection les arts de la paix avec les avantages de la guerre. C’est une assez belle durée d’avoir subsisté seize siecles. Quelques ethiopiens ont regné à Thebes dans cét intervale, entre autres Sabacon, et à ce qu’on croit Taraca. Mais l’Egypte tiroit cette utilité de l’excellente constitution de son estat, que les étrangers qui la conqueroient entroient dans ses moeurs plustost