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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/471

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que d’y introduire les leurs : ainsi changeant de maistres, elle ne changeoit pas de gouvernement. Elle eût peine à souffrir les perses dont elle voulut souvent secoûër le joug. Mais elle n’estoit pas assez belliqueuse pour se soustenir par sa propre force contre une si grande puissance, et les grecs qui la défendoient, occupez ailleurs, estoient contraints de l’abandonner : de sorte qu’elle retomboit toûjours sous ses premiers maistres, mais toûjours opiniastrément attachée à ses anciennes coustumes, et incapable de démentir les maximes de ses premiers rois. Quoy-qu’elle en retinst beaucoup de choses sous les ptolomées, le mélange des moeurs greques et asiatiques y fut si grand, qu’on n’y reconnut presque plus l’ancienne Egypte. Il ne faut pas oublier que les temps des anciens rois d’Egypte sont fort incertains, mesme dans l’histoire des egyptiens. On a peine à placer Osymanduas, dont nous voyons de si magnifiques monumens dans Diodore, et de si belles marques de ses combats. Il semble que les egyptiens n’ayent pas connu le pere de Sesostris qu’Herodote et Diodore n’ont pas nommé. Sa puissance est encore plus marquée par les monumens qu’il a laissez dans toute la terre, que par les memoires de son païs ; et ces raisons nous font voir qu’il ne faut pas croire, comme quelques-uns, que ce que l’Egypte publioit de ses antiquitez, ait toûjours esté aussi