Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/479

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et si guerriers, mais à la fin ramollis par leur abondance, comme il arrive toûjours, avoient besoin d’un tel géneral. Cyrus se servit de leurs richesses et de leur nom toûjours respecté en orient ; mais il mettoit l’esperance du succés dans les troupes qu’il avoit amenées de Perse. Dés la premiere bataille le roy de Babylone fut tué, et les assyriens mis en déroute. Le vainqueur offrit le duel au nouveau roy ; et en montrant son courage, il se donna la réputation d’un prince clement qui épargne le sang des sujets. Il joignit la politique à la valeur. De peur de ruiner un si beau païs, qu’il regardoit déja comme sa conqueste, il fit résoudre que les laboureurs seroient épargnez de part et d’autre. Il sceût réveiller la jalousie des peuples voisins contre l’orgueïlleuse puissance de Babylone qui alloit tout envahir ; et enfin la gloire qu’il s’estoit aquise autant par sa générosité et par sa justice que par le bonheur de ses armes les ayant tous réünis sous ses étendars, avec de si grands secours il soumit cette vaste étenduë de terre dont il composa son empire.

C’est par là que s’éleva cette monarchie. Cyrus la rendit si puissante, qu’elle ne pouvoit gueres manquer de s’accroistre sous ses successeurs. Mais pour entendre ce qui l’a perduë, il ne faut que comparer les perses et les successeurs de Cyrus avec les grecs et leurs généraux, sur tout avec Alexandre.