Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/478

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Si Babylone eust pû croire qu’elle eust esté périssable comme toutes les choses humaines, et qu’une confiance insensée ne l’eust pas jettée dans l’aveuglement : non seulement elle eust pû prévoir ce que fit Cyrus, puis que la memoire d’un travail semblable estoit récente ; mais encore, en gardant toutes les descentes, elle eust accablé les perses dans le lit de la riviere où ils passoient. Mais on ne songeoit qu’aux plaisirs et aux festins : il n’y avoit ni ordre, ni commandement reglé. Ainsi perissent non seulement les plus fortes places, mais encore les plus grands empires. L’épouvante se mit par tout : le roy impie fut tué ; et Xenophon qui donne ce titre au dernier roy de Babylone, semble désigner par ce mot les sacrileges de Baltasar, que Daniel nous fait voir punis par une chute si surprenante.

Les medes qui avoient détruit le premier empire des assyriens, détruisirent encore le second, comme si cette nation eust deû estre toûjours fatale à la grandeur assyrienne. Mais à cette derniere fois la valeur et le grand nom de Cyrus fit que les perses ses sujets eûrent la gloire de cette conqueste. En effet, elle est deûë entierement à ce heros, qui ayant esté élevé sous une discipline sévere et réguliere, selon la coustume des perses, peuples alors aussi moderez, que depuis ils ont esté voluptueux, fut accoustumé dés son enfance à une vie sobre et militaire. Les medes autrefois si laborieux