Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/481

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rois vaincus. Pour peu que les enfans de ces princes fussent capables de s’accommoder avec les vainqueurs, ils les laissoient commander dans leur païs avec presque toutes les marques de leur ancienne grandeur. Les perses estoient honnestes, civils, liberaux envers les étrangers, et ils sçavoient s’en servir. Les gens de merite estoient connus parmi eux, et ils n’épargnoient rien pour les gagner. Il est vray qu’ils ne sont pas arrivez à la connoissance parfaite de cette sagesse qui apprend à bien gouverner. Leur grand empire fut toûjours regi avec quelque confusion. Ils ne sceûrent jamais trouver ce bel art depuis si bien pratiqué par les romains, d’unir toutes les parties d’un grand estat, et d’en faire un tout parfait. Aussi n’estoient-ils presque jamais sans révoltes considerables. Ils n’estoient pourtant pas sans politique. Les regles de la justice estoient connuës parmi eux, et ils ont eû de grands rois qui les faisoient observer avec une admirable exactitude. Les crimes estoient severement punis ; mais avec cette moderation, qu’en pardonnant aisément les premieres fautes, on réprimoit les rechutes par de rigoureux chastimens. Ils avoient beaucoup de bonnes loix, presque toutes venuës de Cyrus, et de Darius fils d’Hystaspe. Ils avoient des maximes de gouvernement, des conseils reglez pour les maintenir, et une grande subordination dans tous les emplois. Quand on disoit