Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/482

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que les grands qui composoient le conseil estoient les yeux et les oreilles du prince : on avertissoit tout ensemble et le prince, qu’il avoit ses ministres comme nous avons les organes de nos sens, non pas pour se reposer, mais pour agir par leur moyen ; et les ministres, qu’ils ne devoient pas agir pour eux-mesmes, mais pour le prince qui estoit leur chef, et pour tout le corps de l’estat. Ces ministres devoient estre instruits des anciennes maximes de la monarchie. Le registre qu’on tenoit des choses passées, servoit de regle à la posterité. On y marquoit les services que chacun avoit rendus, de peur qu’à la honte du prince, et au grand malheur de l’estat, ils ne demeurassent sans récompense. C’estoit une belle maniere d’attacher les particuliers au bien public, que de leur apprendre qu’ils ne devoient jamais sacrifier pour eux seuls, mais pour le roy et pour tout l’estat où chacun se trouvoit avec tous les autres. Un des premiers soins du prince estoit de faire fleurir l’agriculture ; et les satrapes dont le gouvernement estoit le mieux cultivé, avoient la plus grande part aux graces. Comme il y avoit des charges établies pour la conduite des armes, il y en avoit aussi pour veiller aux travaux rustiques : c’estoit deux charges semblables, dont l’une prenoit soin de garder le païs, et l’autre de le cultiver. Le prince les protegeoit avec une affection presque égale, et les faisoit