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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/484

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Le quatriéme fortifioit leur courage contre la crainte qui en eust fait des esclaves, et leur eust osté la confiance si nécessaire au commandement. Les jeunes seigneurs estoient élevez à la porte du roy avec ses enfans. On prenoit un soin particulier qu’ils ne vissent ni n’entendissent rien de malhonneste. On rendoit compte au roy de leur conduite. Ce compte qu’on luy en rendoit estoit suivi par son ordre de chastimens, et de récompenses. La jeunesse qui les voyoit, apprenoit de bonne heure avec la vertu, la science d’obéïr et de commander. Avec une si belle institution que ne devoit-on pas esperer des rois de Perse et de leur noblesse, si on eust eû autant de soin de les bien conduire dans le progrés de leur âge qu’on en avoit de les bien instruire dans leur enfance ? Mais les moeurs corrompuës de la nation les entraisnoient bientost dans les plaisirs, contre lesquels nulle éducation ne peut tenir. Il faut pourtant confesser que malgré cette mollesse des perses, malgré le soin qu’ils avoient de leur beauté et de leur parure, ils ne manquoient pas de valeur. Ils s’en sont toûjours piquez, et ils en ont donné d’illustres marques. L’art militaire avoit parmi eux la préference qu’il meritoit comme celuy à l’abri duquel tous les autres peuvent s’exercer en repos. Mais jamais ils n’en connurent le fond, ni ne sceûrent ce que peut dans une armée la séverité, la discipline, l’arrangement des troupes, l’ordre des marches