Aller au contenu

Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/499

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aux grecs : c’estoit Memnon Rhodien. Tant qu’Alexandre eût en teste un si fameux capitaine, il put se glorifier d’avoir vaincu un ennemi digne de luy. Au lieu de hasarder contre les grecs une bataille générale, Memnon vouloit qu’on leur disputast tous les passages, qu’on leur coupast les vivres, qu’on les allast attaquer chez eux, et que par une attaque vigoureuse on les forçast à venir défendre leur païs. Alexandre y avoit pourveû, et les troupes qu’il avoit laissées à Antipater, suffisoient pour garder la Grece. Mais sa bonne fortune le delivra tout d’un coup de cét embarras. Au commencement d’une diversion qui déja inquiétoit toute la Grece, Memnon mourut, et Alexandre mit tout à ses pieds.

Ce prince fit son entrée dans Babylone avec un éclat qui surpassoit tout ce que l’univers avoit jamais veû ; et aprés avoir vengé la Grece, aprés avoir subjugué avec une promptitude incroyable toutes les terres de la domination persienne, pour asseûrer de tous costez son nouvel empire, ou plustost pour contenter son ambition, et rendre son nom plus fameux que celuy de Bacchus, il entra dans les Indes où il poussa ses conquestes plus loin que ce célebre vainqueur. Mais celuy que les deserts, les fleuves, et les montagnes n’estoient pas capables d’arrester, fut contraint de ceder à ses soldats rebutez qui luy demandoient du repos. Réduit