Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/50

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connu cette partie de l’histoire ; et qu’ils ne sont pas moins contraires aux plus curieux et aux mieux instruits des auteurs de leur nation, qu’à l’ecriture. Et, ce qui tranche en un mot toute la difficulté, les auteurs sacrez plus voisins par les temps et par les lieux des royaumes d’Orient, écrivant d’ailleurs l’histoire d’un peuple dont les affaires sont si meslées avec celles de ces grands empires, quand ils n’auroient que cét avantage, pourroient faire taire les grecs et les latins qui les ont suivis.

Si toutefois on s’obstine à soustenir cét ordre célebre des trois premieres monarchies, et que pour garder aux medes seuls le second rang qui leur est donné, on veuille leur assujetir les rois de Babylone, en avoûant toutefois qu’aprés environ cent ans de sujetion, ceux-cy se sont affranchis par une révolte : on sauve en quelque façon la suite de l’histoire sainte, mais on ne s’accorde gueres avec les meilleurs historiens profanes, ausquels l’histoire sainte est plus favorable en ce qu’elle unit toûjours l’empire des medes à celuy des perses. Il reste encore à vous découvrir une des causes de l’obscurité de ces anciennes histoires. C’est que comme les rois d’Orient prenoient plusieurs noms, ou si vous voulez plusieurs titres, qui ensuite leur tenoient lieu de nom propre, et que les peuples les traduisoient, ou les