Macedoine son ancien royaume tenu par ses ancestres depuis tant de siecles, fut envahi de tous costez comme une succession vacante, et aprés avoir esté long-temps la proye du plus fort, il passa enfin à une autre famille. Ainsi ce grand conquerant, le plus renommé et le plus illustre qui fut jamais, a esté le dernier roy de sa race. S’il fust demeuré paisible dans la Macedoine, la grandeur de son empire n’auroit pas tenté ses capitaines, et il eust pû laisser à ses enfans le royaume de ses peres. Mais parce qu’il avoit esté trop puissant, il fut cause de la perte de tous les siens : et voilà le fruit glorieux de tant de conquestes.
Sa mort fut la seule cause de cette grande révolution. Car il faut dire à sa gloire, que si jamais homme a esté capable de soustenir un si vaste empire, quoy-que nouvellement conquis, ç’a esté sans doute Alexandre, puis qu’il n’avoit pas moins d’esprit que de courage. Il ne faut donc point imputer à ses fautes, quoy-qu’il en ait fait de grandes, la chute de sa famille, mais à la seule mortalité ; si ce n’est qu’on veuïlle dire qu’un homme de son humeur, et que son ambition engageoit toûjours à entreprendre, n’eust jamais trouvé le loisir d’établir les choses. Quoy qu’il en soit, nous voyons par son exemple, qu’outre les fautes que les hommes pourroient corriger, c’est à dire, celles qu’ils font par emportement, ou par ignorance, il y