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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/520

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peuple romain, dont l’équité estoit réverée par tous les voisins. Les tribus furent assemblées, et le peuple ayant connu dans la discussion que ces terres prétenduës par d’autres luy appartenoient de droit, se les adjugea. Le senat, quoy-que convaincu que le peuple dans le fond avoit bien jugé, ne put souffrir que les romains eussent démenti leur générosité naturelle, ni qu’ils eussent laschement trompé l’esperance de leurs voisins qui s’estoient soumis à leur arbitrage. Il n’y eût rien que ne fist cette compagnie pour empescher un jugement d’un si pernicieux exemple, où les juges prenoient pour eux les terres contestées par les parties. Aprés que la sentence eût esté renduë, ceux d’Ardée dont le droit estoit le plus apparent, indignez d’un jugement si inique, estoient prests à s’en venger par les armes. Le senat ne fit point de difficulté de leur déclarer publiquement qu’il estoit aussi sensible qu’eux-mesmes à l’injure qui leur avoit esté faite ; qu’à la verité il ne pouvoit pas casser un decret du peuple, mais que si aprés cette offense, ils vouloient bien se fier à la compagnie de la réparation qu’ils avoient raison de prétendre, le senat prendroit un tel soin de leur satisfaction, qu’il ne leur resteroit aucun sujet de plainte. Les ardéates se fierent à cette parole. Il leur arriva une affaire capable de ruiner leur ville de fond en comble. Ils receûrent un si prompt secours par les ordres du senat,