Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/545

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la division entre les deux ordres, et ne cessoient de flater le peuple, en proposant que les terres des païs vaincus, ou le prix qui proviendroit de leur vente, fust partagé entre les citoyens. Le senat s’opposoit toûjours constamment à ces loix ruineuses à l’estat, et vouloit que le prix des terres fust adjugé au tresor public. Le peuple se laissoit conduire à ses magistrats seditieux, et conservoit néanmoins assez d’équité pour admirer la vertu des grands hommes qui luy résistoient.

Contre ces dissensions domestiques, le senat ne trouvoit point de meilleur remede que de faire naistre continuellement des occasions de guerres étrangeres. Elles empeschoient les divisions d’estre poussées à l’extrémité, et réünissoient les ordres dans la défense de la patrie. Pendant que les guerres réüssissent, et que les conquestes s’augmentent, les jalousies se réveillent.

Les deux partis fatiguez de tant de divisions qui menaçoient l’estat de sa ruine, conviennent de faire des loix pour donner le repos aux uns et aux autres, et établir l’égalité qui doit estre dans une ville libre.

Chacun des ordres prétend que c’est à luy qu’appartient l’établissement de ces loix. La jalousie augmentée par ces prétensions fait qu’on résout d’un commun accord une ambassade en Grece pour y rechercher les institutions