Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/72

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rois ennemis furent introduits dans Argos en mesme temps par deux cabales contraires et par deux portes differentes. Il se donna dans la ville un grand combat : une mere qui vit son fils poursuivi par Pyrrhus qu’il avoit blessé, écrasa ce prince d’un coup de pierre. Antigonus défait d’un tel ennemi rentra dans la Macédoine, qui aprés quelques changemens demeura paisible à sa famille. La ligue des achéens l’empescha de s’accroistre. C’estoit le dernier rempart de la liberté de la Grece, et ce fut elle qui en produisit les derniers heros avec Aratus et Philopoemen. Les tarentins que Pyrrhus entretenoit d’esperance, appellerent les carthaginois aprés sa mort. Ce secours leur fut inutile : ils furent batus avec les brutiens et les samnites leurs alliez. Ceux-cy, aprés 72 ans de guerre continuelle, furent forcez à subir le joug des romains. Tarente les suivit de prés : les peuples voisins ne tinrent pas : ainsi tous les anciens peuples d’Italie furent subjuguez. Les gaulois souvent batus n’osoient remuer. Aprés 480 ans de guerre, les romains se virent les maistres en Italie, et commencerent à regarder les affaires du dehors : ils entrerent en jalousie contre les carthaginois trop puissans dans leur voisinage par les conquestes qu’ils faisoient dans la Sicile, d’où ils venoient d’entreprendre sur eux et sur l’Italie, en secourant les tarentins. La république de Carthage tenoit les deux costes de la