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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/75

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avec beaucoup de prudence, et y bastit Carthage la neuve qui tenoit l’Espagne en sujetion. Les romains estoient occupez dans la guerre contre Teuta reine d’Illyrie, qui exerçoit impunément la piraterie sur toute la coste. Enflée du butin qu’elle faisoit sur les grecs et sur les epirotes, elle méprisa les romains, et tua leur ambassadeur. Elle fut bientost accablée : les romains ne luy laisserent qu’une petite partie de l’Illyrie, et gagnerent l’isle de Corfou que cette reine avoit usurpée. Ils se firent alors respecter en Grece par une solennelle ambassade, et ce fut la premiere fois qu’on y connut leur puissance. Les grands progrés d’Asdrubal leur donnoient de la jalousie : mais les gaulois d’Italie les empeschoient de pourvoir aux affaires de l’Espagne. Il y avoit quarante cinq ans qu’ils demeuroient en repos. La jeunesse qui s’estoit élevée durant ce temps ne songeoit plus aux pertes passées, et commençoit à menacer Rome. Les romains pour attaquer avec seûreté de si turbulens voisins, s’asseûrerent des carthaginois. Le traité fut conclu avec Asdrubal qui promit de ne passer point au-delà de l’Ebre. La guerre entre les romains et les gaulois se fit avec fureur de part et d’autre : les transalpins se joignirent aux cisalpins : tous furent batus. Concolitanus un des rois gaulois fut pris dans la bataille : Aneroestus un autre roy se tua luy-mesme. Les romains victorieux passerent le Po pour la premiere fois, résolus d’oster aux