Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/76

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gaulois les environs de ce fleuve dont ils estoient en possession depuis tant de siecles. La victoire les suivit par tout : Milan fut pris ; presque tout le païs fut assujeti. En ce temps Asdrubal mourut ; et Annibal quoy-qu’il n’eust encore que 25 ans fut mis à sa place. Deslors on prévit la guerre. Le nouveau gouverneur entreprit ouvertement de dompter l’Espagne sans aucun respect des traitez. Rome alors écouta les plaintes de Sagonte son alliée. Les ambassadeurs romains vont à Carthage. Les carthaginois rétablis n’estoient plus d’humeur à ceder. La Sicile ravie de leurs mains, la Sardaigne injustement enlevée, et le tribut augmenté, leur tenoient au coeur. Ainsi la faction qui vouloit qu’on abandonnast Annibal, se trouva foible. Ce général songeoit à tout. De secretes ambassades l’avoient asseûré des gaulois d’Italie, qui n’estant plus en estat de rien entreprendre par leurs propres forces, embrasserent cette occasion de se relever. Annibal traverse l’Ebre, les Pyrenées, toute la Gaule transalpine, les Alpes, et tombe comme en un moment sur l’Italie. Les gaulois ne manquent point de fortifier son armée, et font un dernier effort pour leur liberté. Quatre batailles perduës font croire que Rome alloit tomber. La Sicile prend le parti du vainqueur. Hieronyme roy de Syracuse se déclare contre les romains : presque toute l’Italie les abandonne ; et la derniere ressource de la république semble perir en Espagne