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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/8

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Comme donc en considerant une carte universelle, vous sortez du païs où vous estes né, et du lieu qui vous renferme, pour parcourir toute la terre habitable que vous embrassez par la pensée avec toutes ses mers et tous ses païs : ainsi en considerant l’abregé chronologique, vous sortez des bornes étroites de vostre âge, et vous vous étendez dans tous les siécles. Mais de mesme que pour aider sa memoire dans la connoissance des lieux, on retient certaines villes principales, autour desquelles on place les autres, chacune selon sa distance : ainsi dans l’ordre des siécles il faut avoir certains temps marquez par quelque grand évenement auquel on rapporte tout le reste.

C’est ce qui s’appelle epoque, d’un mot grec qui signifie s’arrester, parce qu’on s’arreste là pour considerer comme d’un lieu de repos tout ce qui est arrivé devant ou aprés, et éviter par ce moyen les anachronismes, c’est à dire, cette sorte d’erreur qui fait confondre les temps.

Il faut d’abord s’attacher à un petit nosont dans les temps de l’histoire ancienne, Adam, ou la création ; Noé, ou le deluge ; la vocation d’Abraham, ou le commencement de l’alliance de Dieu avec les hommes ; Moïse, ou la loy écrite ; la prise de Troye ; Salomon, ou la fondation du temple ; Romulus, ou Rome bastie ; Cyrus, ou le peuple de Dieu delivré de la captivité de Babylone ;