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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/89

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Démetrius éprouva un sort bizarre. Il fut souvent relasché, et autant de fois retenu suivant que l’esperance ou la crainte prévaloient dans l’esprit de son beaupere ; enfin un moment heureux où Phraate ne vit de ressource que dans la diversion qu’il vouloit faire en Syrie par son moyen, le mit tout-à-fait en liberté. à ce moment le sort tourna : Sidetes qui ne pouvoit soustenir ses effroyables dépenses que par des rapines insupportables, fut accablé tout d’un coup par un soulevement général des peuples, et perit avec son armée tant de fois victorieuse. Ce fut en vain que Phraate fit courir aprés Démetrius : il n’estoit plus temps ; ce prince estoit rentré dans son royaume. Sa femme Cleopatre qui ne vouloit que regner, retourna bientost avec luy, et Rodogune fut oubliée. Hyrcan profita du temps : il prit Sichem aux samaritains, et renversa de fonds en comble le temple de Garizim, deux cens ans aprés qu’il avoit esté basti par Sanabalat. Sa ruine n’empescha pas les samaritains de continuer leur culte sur cette montagne, et les deux peuples demeurerent irréconciliables. L’année d’aprés toute l’Idumée unie par les victoires d’Hyrcan au royaume de Judée, receût la loy de Moïse avec la circoncision. Les romains continuerent leur protection à Hyrcan, et luy firent rendre les villes que les syriens luy avoient ostées. L’orgueïl et les violences de Démetrius