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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/91

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mal. Fabius dompta les allobroges et tous les peuples voisins ; et la mesme année que Grypus fit boire à sa mere le poison qu’elle luy avoit préparé, la Gaule narbonoise réduite en province receût le nom de province romaine. Ainsi l’empire romain s’agrandissoit, et occupoit peu à peu toutes les terres et toutes les mers du monde connu. Mais autant que la face de la république paroissoit belle au dehors par les conquestes, autant estoit-elle défigurée par l’ambition desordonnée de ses citoyens, et par ses guerres intestines. Les plus illustres des romains devinrent les plus pernicieux au bien public. Les deux gracques, en flatant le peuple, commencerent des divisions, qui ne finirent qu’avec la république. Caïus frere de Tiberius ne put souffrir qu’on eust fait mourir un si grand homme d’une maniere si tragique. Animé à la vengeance par des mouvemens qu’on crut inspirez par l’ombre de Tiberius, il arma tous les citoyens les uns contre les autres ; et à la veille de tout détruire, il perit d’une mort semblable à celle qu’il vouloit venger. L’argent faisoit tout à Rome. Jugurtha roy de Numidie, souïllé du meurtre de ses freres que le peuple romain protegeoit, se défendit plus long-temps par ses largesses que par ses armes ; et Marius qui acheva de le vaincre ne put parvenir au commandement, qu’en animant le peuple contre la noblesse. Les esclaves armerent encore une fois dans la Sicile,