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Page:Botrel - Chansons de route, 1915.djvu/233

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Mon pauvre ami, dès le début
De l’atroce guerre, ayant eu
Le front meurtri d’un coup de lance,
S’est épris des jolis yeux doux,
Madame, d’une amie à vous…
… À l’ambulance !

II

« Comme il n’était qu’humble sergent,
Que ses pauvres galons d’argent,
Guéri, le replongeaient dans l’ombre,
Soutirant encor, sans dire un mot,
Sur sa demande, au « front », là-haut,
Il s’en alla, le cœur bien sombre ;
Et, depuis lors, au premier rang,
Tour à tour riant et pleurant,
Ne voulant songer qu’à la France,
Il songeait à sa « dame » encor,
En n’espérant que de la Mort,
La délivrance.

III

Et la Mort l’exauçant enfin,
À Dixmude, hier, au matin,
Un obus retentit à terre…
Et le voici, près de mourir,
Qui rêve, oublieux de souffrir,
À la mignonne Ambulancière ;
Il est là, souriant toujours,
Refusant tous soins, tous secours,
Tout près d’entrer en agonie,
Et baisant trois brins de jasmin
Qu’il reçut un jour de la main
De… votre amie !