Robert, à Jean. — Par ce soir de Noël on dirait un roi mage…
Jean. — L’or en moins.
Jacques, le regardant, dégoûté. — Et l’encens itou. (Il sort, un instant et rentre bientôt avec deux lampes qu’il pose sur la table de droite et sur le bureau de gauche.)
Robert. — D’où viens-tu, l’ami ?
Pierre-qui-roule, geste vague. — De là-bas.
Robert. — Et où vas-tu ?
Pierre-qui-roule, même jeu. — Ailleurs !
Robert. — Quel âge as-tu ?
Pierre-qui-roule. — Cent ans au moins.
Robert. — Tu te moques : cinquante, soixante ans, veux-tu dire ?
Pierre-qui-roule. — Les années de misère comptent double, vous savez !
Robert. — Comment t’appelles-tu ?
Pierre-qui-roule. — Pierre.
Robert. — Pierre comment ?
Pierre-qui-roule. — Qui roule ! On m’a trouvé, un beau matin d’été, dans une meule de paille, le jour de la Saint-Pierre et, depuis, j’ai roulé ma bosse sous le nom de Pierre, Pierre-qui-roule !
Jean. — Pierre qui roule…
Pierre-qui-roule. — Amasse pas mousse ! À qui le dites-vous ? C’est pourquoi, ce soir de Nativité, je vous ai demandé la Part-à-Dieu.
Robert. — Et tu l’auras au manoir ! Allons, qu’on ajoute un couvert pour le cher pauvre que Dieu nous envoie et à table, mes amis, à table ! (On s’installe et on mange. Jacques fait le service.)
Yves. — Non, pas près du vieux Lustukru !