Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/24

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fond de votre grange ? Mon pauvre a-mi la grange est pleine du blé de la moisson. Donne-toi donc plutôt la pei-ne d’entrer dans la mai-son.


— Pardon, Monsieur le métayer,
Si, de nuit, je dérange ;
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange ?
— Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson :
Donne-toi donc plutôt la peine
D’entrer dans la maison !

— Mon bon Monsieur, je suis trop gueux ;
Qué gâchis vous ferais-je !
Je suis pieds nus, sale et boueux !
Et tout couvert de neige !
— Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux :
Pouille-toi ce tricot, de suite,
Chausse-moi ces sabots !

— De tant marcher à l’abandon
J’ai la gorge bien sèche ;
Mon bon Monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d’eau fraîche.
— L’eau ne vaut rien lorsque l’on tremble,
Le cidre, guère mieux ;
Mon bon ami, trinquons ensemble ;
Goûte-moi ce vin vieux !

— Mon bon Monsieur, on ne m’a rien
Jeté, le long des routes ;
Je voudrais, avec votre chien,
Partager deux, trois croûtes !